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Un mémoire sur les allusions
à l'actualité internationale dans les Aventures de Tintin
par Nicolas Sabourin
© 1996
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TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION
-
La
métaphore européenne: la Syldavie et la Bordurie
-
La
métaphore latino-américaine: le San Theodoros
-
Les
allusions directes
CONCLUSION
ANNEXES
-
ANNEXE
I: Cases du Sceptre d'Ottokar
ANNEXE
II: Cases de L'Affaire Tournesol
ANNEXE
III: Cases de L'Oreille cassée, photographie de Basil Zaharoff
ANNEXE
IV: Cases de Tintin et les Picaros
ANNEXE
V: Cases de Tintin au pays des Soviets
ANNEXE
VI: Cases du Lotus bleu
ANNEXE
VII: Cases d'Au pays de l'or noir
NOTES
BIBLIOGRAPHIE
INTRODUCTION
En 1929, Hergé créait Tintin, ce petit personnage qui allait
vivre toutes sortes d'aventures au cours des cinquante années à
venir. Aujourd'hui, son succès s'étend bien au-delà
des frontières de la francophonie: on a traduit les albums dans
une quarantaine de langues, albums vendus à des millions d'exemplaires
de par le monde. On évoque bien souvent « l'universalité
» et « l'intemporalité » du personnage pour expliquer
ce phénomène mondial. Pourtant, Tintin a traversé
un demi-siècle d'histoire et de bouleversements. Des événements
cruciaux ont chamboulé les mentalités et modifié le
paysage politique, social ou économique de la planète. Comme
tous ses concitoyens belges, Hergé a forcément été
témoin ou acteur de ces événements d'actualité.
Dans ces circonstances, on peut se demander jusqu'à quel point Hergé
a reflété ce qui se produisait autour de lui dans son oeuvre.
A-t-il abordé l'actualité internationale dans Les Aventures
de Tintin? À la lecture des albums, plusieurs indices viennent
nous indiquer que c'est effectivement le cas. Que ce soit par des «
métaphores géopolitiques » ou par des allusions
plus directes, tout porte à croire qu'Hergé a traité
de l'actualité internationale dans son oeuvre et c'est ce que nous
tenterons de démontrer.
Premièrement, nous examinerons la « métaphore européenne
» que constituent la Syldavie et la Bordurie. Par la suite, nous
nous pencherons sur le San Theodoros, la « métaphore latino-américaine
». Enfin, nous étudierons les allusions directes à
l'actualité internationale dans trois albums de Tintin. Nous serons
alors mieux en mesure de prouver notre hypothèse.
1. La métaphore européenne: la Syldavie
et la Bordurie
Une des particularités des Aventures de Tintin est l'utilisation
de pays fictifs, créés de toutes pièces par Hergé.
Le duo formé par la Syldavie et la Bordurie, deux petits États
d'Europe de l'Est, est sans doute la plus réussie de ces créations.
Hergé en fait le théâtre de plusieurs récits
et leur donne un réalisme sans pareil. Loin d'être de simples
décors, ces « métaphores » européennes
servent à illustrer deux périodes cruciales du vingtième
siècle.
Le duo Syldavie - Bordurie fait son entrée dans le monde de Tintin
dans l'album Le Sceptre d'Ottokar, en 1938. Or, cette année,
un événement capital vient de se produire: l'Anschluss, l'annexion
de l'Autriche par l'Allemagne nazie, aboutissement logique d'un processus
entamé en 1933, lors de la prise du pouvoir par les nationaux-socialistes
en Allemagne, suivie de l'instauration progressive d'un État totalitaire.
Dès 1934, les nazis assassinent le chancelier d'Autriche, Dolfuss,
et tentent un putsch. De son côté, l'Allemagne entame la reconstruction
de son armée ainsi que la remilitarisation de la Rhénanie.
En novembre 1936, l'axe Rome-Berlin est conclu, resserrant l'étau
autour de l'Autriche. À la mi-février 1938, Schussnigg, successeur
de Dolfuss, reçoit un ultimatum de l'Allemagne, lui demandant de
libérer tous les nazis emprisonnés et de nommer le nazi Seyss-Inquart
ministre de l'Intérieur. En réaction, le chancelier organise
un référendum sur l'indépendance autrichienne pour
contrer les prétentions territoriales de Hitler mais, suite aux
pressions de Goering, Schussnigg doit démissionner le 10 mars, le
référendum est annulé et Seyss-Inquart prend les commandes
du pays. Dès lors, le sort de l'Autriche est scellé: suite
à un appel à l'aide de Seyss-Inquart demandant l'aide de
l'Allemagne pour « rétablir la paix et l'ordre et prévenir
un bain de sang », les troupes allemandes envahissent le pays sans
résistance, le 11 mars 1938. Deux jours plus tard, « anschluss
» (annexion) par l'Allemagne: l'Autriche devient une province du
Reich. Dans les mois suivants, la Tchécoslovaquie se fait dépecer,
l'Albanie annexer par l'Italie et, finalement, la Pologne brutalement envahir.
Plus rien ne peut empêcher le début des hostilités,
le 3 septembre 1939.
Témoin de ces événements, Hergé fait le récit
d'un anschluss raté dans Le Sceptre d'Ottokar. La publication
du récit ayant commencé le 4 août 1938, l'événement
est encore tout récent. D'une part, on peut relier la Syldavie à
trois pays dont elle est la synthèse. Premièrement, la présence
d'une « cinquième colonne » qui infiltre et déstabilise
le pays, en volant le Sceptre, et d'un complot visant à l'envahir
par la suite rappelle le triste cas de l'Autriche. Aussi, on trouve des
liens avec la Pologne, dont Hergé présageait peut-être
le sort: conflits séculaires avec la Bordurie, à l'image
de la Pologne et de l'Allemagne, frontière commune avec l'Allemagne
et la Tchécoslovaquie, conformément au trajet d'avion de
Tintin, ainsi que des similitudes entre les langues et l'architecture.
Enfin, certains éléments slaves, la géographie et
l'histoire de la Syldavie la rapprochent de la Roumanie : en effet, ce
pays était une monarchie durant l'entre-deux-guerres et possédait
un parti fasciste nommé « La Garde de Fer », très
proche de la « La Garde d'Acier » syldave. D'autre part,
la Bordurie présente de nombreuses similitudes avec l'Allemagne.
Elle a envahi la Syldavie à plusieurs reprises dans le passé,
comme l'Allemagne a maintes fois envahi la Pologne. Aussi, le nom du chef
du parti pro-bordure « La Garde d'Acier » est tout à
fait révélateur: Müsstler, combinaison évidente
de Mussolini et Hitler. De plus, l'uniforme du colonel Boris évoque
les uniformes S.S. (v.
ann. 1a). Enfin, les avions bordures, en tout point semblables aux
fameux chasseurs Messerschmit 109 (B, C ou D), portent un cryptogramme
géométrique sur l'empennage rappelant la svastika (v.
ann. 1b) et, dans la version noir et blanc de l'album, on peut remarquer
qu'ils sont fabriqués par Heinkel, industrie de guerre allemande.
En définitive, tous ces éléments ne peuvent être
le fruit du hasard et sont au contraire autant d'indices laissés
par Hergé pour faire connaître aux lecteurs attentifs la véritable
signification de cette aventure de Tintin: une dénonciation de l'Anschluss.
Après cet épisode, on retrouve le duo Syldavie - Bordurie
dans l'album L'Affaire Tournesol, paru de 1954 à 1956. Le
monde a bien changé depuis vingt ans: la guerre froide bat son plein
depuis près de dix ans. Dès 1946, l'URSS assure sa mainmise
sur l'Europe de l'Est en y imposant des régimes communistes, par
la force si nécessaire, comme lors du coup de Prague de 1948. En
1949, le blocus de Berlin, la partition de l'Allemagne et la création
de l'OTAN aggravent les tensions déjà vives. En 1950 éclate
la guerre de Corée, première confrontation directe entre
les deux blocs, qui dure jusqu'en 1953. Des deux côtés, la
situation est tendue. Aux États-Unis, le maccartisme et la chasse
aux sorcières contre les communistes sévissent sans discernement.
En URSS, Staline meurt en 1953; ce n'est qu'en 1956 que Khrouchtchev débutera
la « déstalinisation ». En 1955, les membres du bloc
communiste concluent le pacte de Varsovie. Finalement, l'année suivante,
les troupes soviétiques écrasent brutalement le mouvement
de libéralisation en Hongrie. Parallèlement à tous
ces événements, la course aux armements est fébrile;
on cherche à maintenir « l'équilibre de la terreur
». En août 1949, la première bombe atomique soviétique
explose. En réaction, le président américain Truman
annonce sa décision de fabriquer une bombe « H » à
hydrogène, jusqu'à 1000 fois plus puissante. Dès 1952,
les premiers essais américains ont lieu. Cependant, les Soviétiques
font exploser la première vraie bombe H en août 1953. Ce n'est
que l'année suivante que les Américains font de même,
leur bombe étant cependant nettement plus puissante. Bref, on cherche
par tous les moyens à ne pas prendre de retard sur l'ennemi. Dans
ce contexte, l'espionnage est intense. En somme, la tension est vive et
le moindre incident pourrait mettre le feu aux poudres.
Encore une fois, Hergé est témoin de son époque et
tente de la mettre en scène dans son oeuvre. Benoît Peeters
écrit:
N'oublions pas que nous sommes en 1954 au moment où
l'histoire commence à paraître dans Tintin, et que la guerre
froide bat son plein. Le couple Syldavie / Bordurie pourra aisément
métaphoriser l'affrontement des deux blocs, comme il avait autrefois
représenté le conflit entre les démocraties occidentales
et l'Allemagne hitlérienne1.
Dans L'Affaire Tournesol, la Syldavie et la Bordurie d'autrefois
ont bien changé: elles s'affrontent maintenant dans un scénario
de guerre froide et de course aux armements. En premier lieu, les deux
pays tentent de s'emparer de la nouvelle arme de Tournesol et dépêchent
des espions à Moulinsart, ce qui ne peut évidemment que rappeler
le contexte décrit précédemment. De plus, les incidents
de frontière, comme le détournement de l'avion transportant
Tournesol, évoquent manifestement la guerre froide, particulièrement
la tension entre les deux Allemagnes. Dans cet album, Tintin visite la
Bordurie, ce qui nous permet d'en étudier plus précisément
les caractéristiques. On peut sans doute raisonnable placer le pays
dans le bloc communiste, pour plusieurs raisons. Premièrement, le
culte de la personnalité du président Plekszy-Gladz et l'obsédante
présence de sa moustache (v. ann.
2a) évoquent bien le culte de Staline, que Khrouchtchev n'a
pas encore démoli. De plus, les « guides-interprètes
» surveillant Tintin et Haddock, les armes de qualité douteuse
et l'architecture de style réaliste socialiste (v.
ann. 2b) situent très clairement la Bordurie parmi les pays
de l'Est. En contrepartie, on peut présumer que la Syldavie joue
le rôle de l'allié de l'Ouest. Pour résumer, la Bordurie
et la Syldavie étant respectivement des métaphores des régimes
de l'Est et de l'Ouest, Hergé les oppose dans un scénario
directement inspiré de la guerre froide qui sévit à
l'époque. Cependant, s'il y a dénonciation, elle est nettement
plus nuancée, selon Frédéric Soumois: « La similitude
de leurs préoccupations guerrières leur donne un air de famille
peu amène, et, paradoxalement, finit par les faire se confondre2.
»
En somme, nous avons pu constater que la Syldavie et la Bordurie que traverse
Tintin dans Le Sceptre d'Ottokar puis L'Affaire Tournesol
se voulaient le miroir de deux époques troublées, le premier
épisode illustrant un anschluss raté et le second la guerre
froide. Hergé s'est donc servi de ces pays fictifs pour illustrer
principalement l'actualité européenne.
2. La métaphore latino-américaine:
le San Theodoros
Tintin visite deux fois le San Theodoros, premier pays fictif créé
par Hergé, intervenant chaque fois dans les affaires internes du
pays. Par ce « concentré » d'Amérique latine,
Hergé illustre d'abord la guerre du Chaco, dans L'Oreille cassée,
puis la situation sociale, économique et politique en Amérique
latine durant les années 60 et 70 dans Tintin et les Picaros.
Encore une fois, cette « métaphore latino-américaine
» nous impose un deuxième niveau de lecture fortement imprégné
par actualité.
C'est en lisant la revue Le Crapouillot, une de ses principales
sources durant l'entre-deux-guerres, qu'Hergé prend connaissance
d'un conflit passé à peu près inaperçu en Europe:
la guerre du Chaco, qui oppose la Bolivie et le Paraguay de 1932 à
1935. L'objet du litige est le territoire du Gran Chaco, supposé
riche en gisements de pétrole. Bien qu'officiellement la Bolivie
veuille obtenir un port sur le Paraguay pour retrouver un accès
à la mer, il s'agit plutôt d'une lutte des intérêts
pétroliers: la Standard Oil, américaine, exploitant des gisements
en Bolivie, veut éviter l'expansion de la Royal Dutch Shell, anglo-hollandaise,
installée au Paraguay. Ainsi, les États-Unis soutiennent
militairement et financièrement la Bolivie tandis que la Grande-Bretagne
soutient le Paraguay. Les hostilités commencent en juin 1932; ce
n'est que le 12 juin 1935 qu'elles cessent par la signature d'un protocole
de paix. En 1938, un traité de paix et d'amitié est conclu:
la Paraguay gagne 120 000 km?. En tout, les combats auront fait 65 000
morts du côté bolivien et 35 000 chez les Paraguayens.
Indigné par ce conflit, Hergé décide de le transposer
dans L'Oreille cassée, récit publié de 1935
à 1937. On peut établir de nombreux parallèles avec
la situation réelle. D'une part, par la toponymie: le Gran Chaco
devient le Gran Chapo; la capitale du San Theodoros, Las Dopicos, se rapproche
de La Paz, capitale bolivienne, tandis que Sanfacion, capitale nuevoricaine,
évoque Asunción, au Paraguay. De plus, le libérateur
du San Theodoros, le général Olivaro (v.
ann. 3a), n'est pas sans rappeler Bolívar et la Bolivie. D'autre
part, la Standard Oil américaine devient la « General American
Oil » et la Royal Dutch Shell anglo-hollandaise, la « Compagnie
anglaise des pétroles sud-américains ». Enfin, les
paysages que l'on aperçoit lors de la fuite de Tintin vers le Nuevo
Rico concordent bien avec les paysages réels que l'on retrouve entre
La Paz et Asunción. Bref, la plupart des éléments
de la réalité sont présents, à peine déguisés.
Encore une fois, il est clair qu'Hergé utilise des événements
réels pour servir de trame à son récit, sans pour
autant en faire son sujet principal.
Outre la guerre du Chaco, on retrouve dans L'Oreille cassée
un personnage d'actualité ayant plusieurs fois fait les manchettes
à l'époque du récit: Basil Zaharoff. Marchand d'armes,
propriétaire de la Vickers Armstrong, Légion d'honneur en
France et baronnet en Angleterre, possédant une fortune colossale,
il est souvent le sujet d'articles dans Le Crapouillot à
l'époque. Habile utilisateur des pots-de-vin, il développe
aussi le procédé de la « double-vente », soit
la vente du même matériel militaire à deux belligérants.
Il acquiert des supports de presse pour influencer les opinions; il propose
des « facilités de paiement » qui mènent les
pays à la dette. De plus, on le retrouve souvent impliqué
dans les magouilles des compagnies pétrolières, surtout au
Moyen-Orient. Dans L'Oreille cassée, Zaharoff devient «
Mazaroff » (version noir et blanc) puis « Bazaroff »
(version couleurs). Hergé en fait une caricature aisément
reconnaissable: même chapeau et canne caractéristiques, similitude
des dessins avec certaines photographies de ses sources (v.
ann. 3b-c). De même, la Vickers Armstrong devient la «
Vicking Arms Co. Limited », le procédé de vente restant
le même: chaque gouvernement achète 75 « T.R.G.P. »,
avec « facilités de paiement ». Enfin, comme Zaharoff,
Bazaroff influence l'opinion publique par les journaux, au San Theodoros
comme au Nuevo Rico. En bref, comme le dit Frédéric Soumois:
Hergé a tout dénoncé chez Zaharoff: le
procédé de la « double-vente », la pratique du
pot-de-vin ou de l'assassinat des incorruptibles, l'utilisation de journaux
comme agents d'opinion et même le recours aux « facilités
de paiement » qui jette un pays dans un infernal cercle vicieux financier3.
En définitive, bien que Zaharoff n'ait pas été impliqué
dans la guerre du Chaco, l'utilisation de ce personnage réel dans
un décor fictif inspiré de la réalité a pour
conséquence de rendre cette fiction encore plus crédible.
Suite à son aventure mouvementée des années trente,
ce n'est qu'en 1976 que Tintin retourne au San Theodoros, dans Tintin
et les Picaros. Comme le reste de la planète, l'Amérique
latine a subi de profonds bouleversements. Depuis 1960, la situation est
souvent difficile. Sur le plan social, beaucoup reste à faire: l'inégalité
des revenus, le développement des bidonvilles, la faim, la malnutrition,
l'explosion démographique, les épidémies, la mortalité
infantile, le manque de médecins, l'analphabétisme sont autant
de problèmes auxquels les gouvernements doivent faire face ou s'y
refusent. De même, l'économie est en difficulté. Les
matières premières constituent toujours la plus grande part
des exportations; la dépendance envers les États-Unis est
très forte et l'époque des « républiques bananières
» n'est pas révolue. De plus, le P.I.B. de la plupart des
pays latino-américains reste faible tandis que l'inflation est galopante.
Enfin, la situation politique reste tendue. Jusqu'en 1959, l'hégémonie
des États-Unis sur l'Amérique latine est presque totale.
Cependant, à partir de 1953, Fidel Castro et Ernesto « Che
» Guevara mènent à Cuba une guérilla communiste
contre le gouvernement de Batista. Ils prennent finalement le pouvoir en
1959 et rompent avec les États-Unis, ce qui mènera au conflit
de la baie des Cochons en 1961 et la crise des missiles en 1962. Dans les
années suivantes, des mouvements de guérilla castristes se
répandent à travers l'Amérique latine. En réaction,
les États-Unis ne condamnent plus les coups d'État militaires,
préférables à la prise du pouvoir par les communistes,
et privilégient l'intervention directe à St-Domingue en 1965.
Néanmoins, jusqu'en 1973, les Américains se désengagent
pour se concentrer au Viêt-nam, ce qui permet l'émergence
de régimes « progressistes » (ex. Allende au Chili,
1970). Les militaires brisent rapidement cette vague, souvent avec l'appui
des États-Unis et l'aide de la C.I.A. En somme, l'Amérique
latine est une région fort tourmentée durant les années
précédant la création de Tintin et les Picaros.
Bien qu'Hergé ait commencé à penser à l'histoire
en 1962, ce n'est qu'en 1976 que Tintin et les Picaros est finalement
publié. Cette période couvrant près de 15 ans, le
San Theodoros joue encore le rôle d'un « concentré »
d'Amérique latine durant ces années. Au lieu d'illustrer
une dictature de droite, soutenue par les États-Unis, en lutte avec
une guérilla communiste, Hergé inverse les rôles: la
dictature de Tapioca, appuyée par la Bordurie de Plekszy-Gladz qui
est, comme nous l'avons vu précédemment, de nature communiste,
lutte avec la guérilla d'Alcazar, financée par « l'International
Banana Company », ce qui n'est pas sans rappeler les « républiques
bananières » dépendantes des États-Unis. Si
l'on examine le décor, on peut remarquer des bidonvilles (v. ann.
4), comme en possèdent plusieurs grandes villes latino-américaines,
entourant la capitale, Tapiocapolis, ville moderne, à l'image de
Brasilia (v.
ann. 4). En somme, Hergé parvient à synthétiser
une foule d'éléments d'actualité au sein de son récit
sans en complexifier la compréhension. Comme dans L'Affaire Tournesol,
l'opinion d'Hergé semble toutefois nettement plus nuancée:
« Aux « Vive Tapioca » ont succédé les
« Vive Alcazar » dans une Tapiocapolis rebaptisée en
Alcazaropolis. Les « tics » absolutistes sont les mêmes
et peuvent faire augurer de la permanence d'un pouvoir dictatorial et télécommandé
par multinationales interposées4.
»
Ainsi donc, nous pouvons conclure que le San Theodoros représente
bien une réalité historique lors des deux voyages que Tintin
y fait, soit la guerre du Chaco en 1935-37 puis la situation générale
en Amérique latine dans les années 60-70, en 1976. Bien que
la transposition soit parfois caricaturale pour les fins du récit,
il n'en demeure pas moins qu'Hergé reproduit scrupuleusement plusieurs
aspects de ces réalités.
3. Les allusions directes
Loin de n'utiliser que des pays fictifs pour illustrer l'actualité
internationale, Hergé n'hésite pas à impliquer Tintin
dans les affaires de pays réels, dans des situations réelles
ou fortement inspirées de la réalité. Il en est ainsi
dans la première aventure de Tintin, Tintin au pays des Soviets,
où il visite la Russie communiste. Dans Le Lotus bleu, c'est
au coeur d'une invasion japonaise de la Mandchourie à peine maquillée
que Tintin se retrouve. Enfin, il fait un passage en Palestine sous mandat
britannique dans Au pays de l'or noir.
Lors de son tout premier voyage, dans Tintin au pays des Soviets,
c'est un pays mal connu et surtout inquiétant pour plusieurs Occidentaux
que Tintin découvre. Depuis la révolution d'octobre, en 1917,
les communistes et Lénine se sont installés au pouvoir. Jusqu'en
1922, la guerre civile oppose « rouges » (communistes) et «
blancs » (tsaristes, libéraux et autres) et déchire
le pays jusqu'à ce que les rouges l'emportent. Lénine impose
le « communisme de guerre » et la Tcheka (police politique)
fait régner la terreur. Malgré la victoire, la situation
est catastrophique: la famine de l'hiver 1921-22 fait huit millions de
victimes; des épidémies ravagent le pays; la production agricole
est insuffisante et l'économie est ravagée; des millions
d'enfants sont abandonnés. Lénine lance alors la nouvelle
politique économique (NEP), qui supprime les réquisitions
obligatoires, libéralise le commerce intérieur, dénationalise
la petite industrie et lance une campagne d'alphabétisation massive.
En 1922, il créé l'U.R.S.S. En 1924, à la mort de
Lénine, Staline prend le pouvoir et assiste au succès de
la NEP, dont les koulaks (paysans riches) sont les premiers bénéficiaires.
Par après, en 1928, le premier plan quinquennal est adopté:
on vise le développement industriel accéléré
et on collectivise les terres. Cette dernière mesure, imposée
par la Guépéou (police politique depuis 1922) s'attaque aux
koulaks, déportés par centaines de milliers en Sibérie.
Cette répression entraîne une baisse importante de la production
agricole et pousse l'U.R.S.S. une autre fois au bord de la famine. Bref,
le pays que découvre Tintin est en crise.
Or, à l'époque, en Belgique et en Occident, un climat de
peur intense des « bolcheviks » règne. Le journal où
travaille Hergé, Le XXe siècle, est catholique,
d'extrême-droite et fortement anti-bolchevik. Son directeur, l'abbé
Wallez, demande à Hergé d'envoyer son nouveau personnage
en Russie pour « informer » les jeunes lecteurs. Hergé
prend alors toute sa documentation dans Moscou sans voiles, un livre
publié par un ancien consul belge vivement anticommuniste, et en
reprend des scènes entières. En ce sens, Tintin au pays
des Soviets ne fait que refléter la mentalité de son
époque. Dans cette aventure, Hergé s'inspire donc de Moscou
sans voiles pour dénoncer tour à tour les fausses usines
de
théâtre (industrialisation massive), les arrestations arbitraires
de la Guépéou, les fausses élections avec liste unique,
sous pression (v.
ann. 5a), la torture dans les prisons, le bourbier qu'est devenu Moscou
(v.
ann. 5b), l'abandon des enfants, les expéditions contre les
koulaks, l'existence d'un repaire secret où Lénine, Trotski
et Staline ont amassé les « trésors volés au
peuple », la constitution de réserves pour attester la richesse
de la Russie ainsi que l'intention terroriste concernant l'Europe. Ces
éléments ne sont certainement pas tous véridiques,
mais ils illustrent les croyances populaires concernant l'U.R.S.S. à
cette époque. En ce sens, Hergé reste fidèle à
l'actualité de son époque. Comme il le dit à Jacques
Chancel:
- Je pense que je ne me singularisais pas, je crois que tout
le monde à l'époque était d'abord anticommuniste ou
plutôt, plus exactement, dans le cas du XXe siècle,
anti-bolchevik, « l'homme-au-couteau-entre-les-dents ».
- C'était en 1929.
- C'était en 1929, n'oublions pas5.
Cinq ans plus tard, Tintin entreprend un second voyage, cette fois-ci en
Chine, victime de l'impérialisme japonais. Depuis 1900, sa montée
est inquiétante. La modernisation du Japon, pour égaler les
puissances occidentales, ainsi que la victoire lors de la guerre sino-japonaise
en Corée (1894-95) lui ont déjà donné plus
d'influence sur le continent. La guerre russo-japonaise de 1904 et la nouvelle
victoire écrasante du Japon viennent encore en augmenter l'influence
en Corée, que le Japon annexe en 1910. En 1914, suite à son
entrée en guerre contre l'Allemagne, il s'empare de ses possessions
en Chine et dans le Pacifique. Par après, en 1915, le Japon soumet
ses « Vingt-et-Une-Demandes » à la Chine, qui doit céder
et subit désormais un plus grand contrôle nippon. Au pays
même, on assiste à une montée du militarisme dans les
années 20 et 30. On équipe de mieux en mieux l'armée,
les militaires ont de plus en plus de pouvoir politique et les assassinats
et attentats se multiplient. Le Japon se rapproche des régimes fascistes
et a des visées expansionnistes sur toute l'Asie, en particulier
la Mandchourie. En 1927 et 1928, il y intervient militairement à
trois reprises pour protéger les citoyens japonais et y empêcher
l'extension de la guerre civile chinoise. Cependant, malgré les
pressions de l'armée, il n'y a pas d'occupation officielle. C'est
alors que, dans la nuit du 18 au 19 septembre 1931, des Japonais perpètrent
un attentat sur la ligne de chemin de fer Moukden - T'ien-tsin. On l'attribue
à des bandits chinois, ce qui sert de prétexte à l'occupation
de la majorité de la Mandchourie. L'année suivante, le rapport
Lytton de la SDN demande au Japon de se retirer; malgré tout, le
Japon reconnaît l'indépendance du « Mandchoukouo »
et ignore le rapport, pour ensuite quitter la SDN en février 1933.
Dans Le Lotus bleu, qui paraît en 1934-35, Hergé, indigné
par ces événements, prend clairement position contre le Japon
et dénonce l'occupation de la Mandchourie. Pour la cohérence
de son histoire, il déplace l'attentat sur la ligne Nankin - T'ien-tsin
(version noir et blanc), puis Shanghai - Nankin (version couleurs), mais
le résume presque parfaitement en deux pages: attentat par les Japonais,
attribution à des bandits chinois, intervention militaire et occupation
(v.
ann. 6a). De plus, à la fin de l'album, Hergé illustre
la commission Lytton (v.
ann. 6b) et le Japon quittant la SDN. Seule différence marquée
avec la réalité, les troupes japonaises se retirent finalement,
pour garder un « happy end ». Au sujet de ce réalisme,
Benoît Peeters considère que « Tout ce qui est dit de
ce conflit est d'une authenticité si rigoureuse que l'on pourrait
étudier cette période de l'histoire chinoise en se fondant
uniquement sur le livre d'Hergé6.
» En outre, on retrouve des messages cachés dans les idéogrammes
chinois qui parsèment l'album, tels que « Abolir les traités
inégaux », « À bas l'impérialisme »
et « À bas les marchandises japonaises » (v.
ann. 6c). Dans un autre ordre d'idée, à l'époque,
la presse occidentale se fait la porte-parole inconditionnelle du Japon.
Par ses propos, Hergé s'oppose donc à l'attitude officielle
en prenant position pour la cause chinoise. De plus, il n'hésite
pas à s'attaquer aux Occidentaux et aux concessions internationales
qui rongent la Chine. En somme, cela fait du Lotus bleu l'album
de Tintin le plus engagé et le plus clairement lié à
l'actualité de son époque.
Infatigable voyageur, Tintin aboutit en Palestine sous mandat britannique
au cours d'Au pays de l'or noir, en 1939. À la veille de
la guerre, cette région est considérée comme un point
chaud, en raison du climat tendu qui y règne depuis de nombreuses
années. À la fin du XIXe siècle, le sionisme, mouvement
pour la création d'un État juif en Palestine, prend naissance,
et l'immigration commence. Après la Première Guerre mondiale,
la Grande-Bretagne obtient un mandat sur la Palestine et, conformément
au rapport Balfour, y favorise « l'instauration d'un foyer national
juif ». L'immigration juive s'intensifie, et les premiers conflits
avec la majorité arabe se produisent. La « Hagannah »,
organisation armée destinée à défendre les
Juifs, est créée à cette époque. Les frictions
sont nombreuses avec les autorités britanniques voulant limiter
l'immigration; de violents affrontements ont aussi lieu avec les Arabes.
En 1939, le livre blanc du gouvernement britannique restreint la minorité
juive à 30% de la population. Malgré tout, durant la Seconde
Guerre mondiale, l'immigration clandestine prend de l'ampleur pour sauver
les Juifs des camps nazis. De plus, la Hagannah intervient aux côtés
des Alliés. Après la guerre, l'immigration clandestine continue
et l'affaire de l'Exodus fait beaucoup de bruit. Pendant ce temps, les
affrontements entre Britanniques, Arabes et Juifs de la Hagannah et des
groupes terroristes Irgoun et Stern se poursuivent. En 1947, l'ONU conseille
le partage de la Palestine et met fin au mandat britannique, le 14 mai
1948; Israël déclare alors son indépendance et remporte
la première guerre israélo-arabe. Plus que jamais, la région
est l'une des plus explosives du globe.
Au pays de l'or noir ayant connu trois versions différentes,
la présentation de la Palestine sous mandat britannique varie de
l'une à l'autre. La première version, commencée en
1939, ne sera jamais terminée: le 10 mai 1940, l'invasion de la
Belgique par les Allemands en interrompt la publication. Imprégné
d'un climat de guerre, le récit se déroule presque entièrement
en Palestine. La ville d'arrivée de Tintin, Caïffa, évoque
évidemment Haïfa, port important et principal centre de l'immigration
clandestine. Des soldats britanniques fouillent le bateau et arrêtent
Tintin. Par la suite, un groupe juif enlève Tintin, puis des Arabes,
dont le camp est recherché par les Britanniques, l'enlèvent
à leur tour. L'histoire est interrompue peu après et ce n'est
qu'en 1948 qu'Hergé la reprend, pour donner la deuxième version,
la première complète et publiée. Il en conserve la
plupart des éléments, en les détaillant davantage.
Premièrement, Caïffa redevient Haïfa (v.
ann. 7a). Aussi, la vedette britannique est spécifiée
« de la Navy ». Enfin, les Juifs sont maintenant identifiés
au groupe terroriste Irgoun (v.
ann. 7b). Cependant, le sujet se déplace du conflit israélo-arabe
à la lutte de deux grandes compagnies, l'« Arabex »
anglaise et la « Skoil », visiblement allemande, pour la mainmise
sur le pétrole du Khemed. En fait, la Palestine n'est plus qu'une
porte d'entrée. Finalement, en 1971, à la demande de ses
éditeurs anglais trouvant les références trop datées,
Hergé retravaille l'album pour produire la troisième version
que l'on trouve aujourd'hui sur les tablettes: il élimine toutes
les références aux Britanniques et Tintin arrive directement
au Khemed. En fin de compte, bien que la deuxième version ne soit
plus disponible, Au pays de l'or noir a déjà eu un
contenu fortement imprégné d'actualité internationale,
contenu que l'on doit malgré tout considérer comme faisant
partie des Aventures de Tintin. Du curieux destin de cet album,
Frédéric Soumois tire l'analyse suivante:
Ces trois versions sont symboliques de trois grandes étapes
de la création hergéenne: à une période d'avant-guerre
où de fortes dénonciations sont légèrement
dissimulées succède une période d'après-guerre
où des récits à la thèse plus générale
peuvent se permettre de débuter dans la réalité avant
d'assurer une utopie complète, aux références étouffées.
La troisième période est due à une accentuation jusqu'au
perfectionnisme du souci du détail vrai, du respect du document
comme vérisme qui, paradoxalement, amène Hergé à
étendre la création de l'utopie à l'ensemble du récit
et pas seulement à son développement, à faire partir
la fusée lunaire de Syldavie et pas des U.S.A. ni de l'U.R.S.S.,
à réutiliser le San Theodoros pour les Picaros ou encore
à couper court à l'exotisme du voyage dans les Bijoux7.
À ces trois périodes, on peut associer tous les albums que
nous avons étudiés: les Soviets, Le Lotus bleu,
L'Oreille
cassée et Le Sceptre d'Ottokar dans la première,
l'Or noir (deuxième version) dans la deuxième et L'Affaire
Tournesol et les Picaros dans la dernière.
Finalement, il apparaît clairement qu'Hergé a bel et bien
fait directement allusion à l'actualité internationale dans
les trois albums analysés: Russie communiste dans les Soviets,
invasion japonaise de la Mandchourie dans Le Lotus bleu et Palestine
sous mandat britannique dans l'Or noir. Bien que certaines bribes
d'actualité aient pu se glisser dans les autres albums, ces trois
derniers sont ceux dans lesquels elle y est le plus présente.
CONCLUSION
En fin de compte, il ressort nettement de notre analyse qu'Hergé
a bel et bien abordé l'actualité internationale dans les
Aventures
de Tintin. Nous avons pu voir, premièrement, qu'il illustre
l'Anschluss et la guerre froide par l'opposition entre la Syldavie et la
Bordurie. Selon le même procédé de métaphore
géopolitique, il emploie le San Theodoros pour représenter,
avec le Nuevo Rico, la guerre du Chaco, puis pour illustrer la situation
générale en Amérique latine dans les années
60 et 70. Enfin, Hergé fait directement référence
à trois situations politiques, soit le communisme en Russie, l'invasion
japonaise de la Mandchourie et les troubles en Palestine sous le mandat
britannique. Loin d'être de vagues éléments isolés,
toutes ces allusions à l'actualité internationale constituent
souvent le fondement de plusieurs des récits. Nous pouvons donc
confirmer notre hypothèse hors de tout doute possible.
Bien que cette recherche ait démontré la présence
de l'actualité politique dans les Aventures de Tintin, nous
ne savons pas comment les lecteurs de Tintin de par le monde la perçoivent.
Sans doute observe-t-on de nombreuses différences dans la perception
selon les groupes d'âges, selon les cultures aussi. Comment un enfant
ne connaissant rien de l'histoire interprétera-t-il le contexte
que l'on retrouve dans Le Sceptre d'Ottokar, par exemple? Il s'agit
certainement d'un aspect de la question qu'il serait intéressant
d'étudier dans le futur.
Cependant, les ventes phénoménales des albums de Tintin démontrent
bien que les allusions à l'actualité internationale ne viennent
en rien affecter la popularité de la série. Bien que les
événements aient été vus à travers les
yeux d'un Belge, les allusions au sein des albums ont permis à Hergé
d'ouvrir son héros sur le monde et de le faire voyager sur toute
la planète. C'est en grande partie par ces allusions que Tintin
a acquis le caractère universel qui fait aujourd'hui son succès.
Peu importe sa nationalité, sa langue ou sa religion, un lecteur
de Tintin pourra toujours retrouver dans ses aventures une part de lui-même...
ANNEXE I
Cases du Sceptre d'Ottokar8
a) p. 40, case B1 - Similitude avec les uniformes S.S.
b) p. 55, case C2 - Cryptogramme rappelant la svastika
ANNEXE II
Cases de L'Affaire Tournesol9
a) p. 46, case D3 - Culte de Plekszy-Gladz
b) p. 47, case C3 - Architecture réaliste socialiste
ANNEXE III
Cases de L'Oreille cassée10
Photographie de Basil Zaharoff11
a) p. 30, case B2 - Le général Olivaro
|
|
b) p. 33, cases D4 et D5 - Basil Bazaroff |
c) Basil Zaharoff |
ANNEXE IV
Cases de Tintin et les Picaros12
p. 11, cases D1 et D2 - Capitale moderne et bidonville
ANNEXE V
Cases de Tintin au pays des Soviets13
a) p. 32, case B1 - Fausses élections
b) p. 74, case A1 - Le bourbier qu'est devenu Moscou
ANNEXE VI
Cases du Lotus bleu14
|
|
a) p. 22, case E1 - Occupation japonaise |
b) p. 60, case B1 - Commission Lytton |
c) p. 9, case A3 - Sur l'écriteau: « À bas les
marchandises japonaises »
ANNEXE VII
Cases d'Au pays de l'or noir15
a) p. 14, case B2 - Haïfa et la Navy
b) p. 17, case B2 - Membres de l'Irgoun
NOTES
1Benoît Peeters.
Le
monde d'Hergé, 2e édition, Tournai, Casterman, 1990,
p. 100.
2Frédéric
Soumois. Dossier Tintin, Bruxelles, Jacques Antoine, 1987, p. 248.
3Ibid., p. 117.
4Ibid., p. 296.
5Jacques Chancel. Radioscopie,
Hergé, s. i., Radio-France, 1979, 4:30 min.
6Peeters. p. 48.
7Soumois. p. 215.
8Hergé. Le
Sceptre d'Ottokar, Tournai, Casterman, 1975, (Les aventures de Tintin),
p. 40, 55.
9Id., L'Affaire
Tournesol, Tournai, Casterman, 1984, (Les aventures de Tintin), p.
46-47.
10Id., L'Oreille
cassée, Tournai, Casterman, 1979, (Les aventures de Tintin),
p. 30, 33.
11Soumois. p. 116
tiré de: Richard Lewinsohn. Zaharoff, l'Européen mystérieux,
Paris, Payot, 1930, p. 160.
12Hergé. Tintin
et les Picaros, Tournai, Casterman, 1976, (Les aventures de Tintin),
p. 11.
13Id., Tintin au
pays des Soviets, Tournai, Casterman, 1981, (Les aventures de Tintin),
p. 32, 74.
14Id., Le Lotus
bleu, Tournai, Casterman, 1974, (Les aventures de Tintin), p. 9, 22,
60.
15Id., Au pays
de l'or noir, Tournai, Casterman, 1963, (Les aventures de Tintin),
p. 14, 17.
BIBLIOGRAPHIE
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Éditions Rencontre, 1971, (Les dossiers du XXe siècle), 128
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1984), p. 11-24
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de Tintin), 64 p.
-------- Le Sceptre d'Ottokar, Tournai, Casterman, 1975, (Les
aventures de Tintin), 64 p.
-------- Tintin et les Picaros, Tournai, Casterman, 1976, (Les
aventures de Tintin), 64 p.
-------- L'Oreille cassée, Tournai, Casterman, 1979, (Les
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-------- Tintin au pays des Soviets, Tournai, Casterman, 1981,
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